L’approche la plus simple pour quantifier l’infestation d’une colonie consiste à réaliser un traitement de contrôle. La méthode utilisée nécessite de recourir à des préparations extemporanées, car aucun médicament vétérinaire pour le traitement de la varroase n’est adapté pour réaliser cette opération. Pourtant les conditions ne sont pas toujours réunies pour appliquer des substances acaricides dans les colonies : couvain en développement offrant un abri aux acariens, proximité d’une miellée, volonté de limiter les applications d’acaricides dans les colonies.
Il est donc intéressant de pouvoir quantifier les varroas sans chercher à les éradiquer. La validation de méthodes d’estimation non destructives de l’infestation permettrait par ailleurs d’expérimenter des traitements et/ou des méthodes prophylactiques[1] sur le moyen et long terme par le suivi des mêmes colonies : la variabilité de l’infestation existant dans les ruchers demande actuellement le suivi de lots de taille importante afin de pouvoir comparer les modalités entre elles.
Diagnostic pour estimer l’infestation en varroas.
Plusieurs méthodes d’estimation des varroas sont disponibles : le suivi de la mortalité naturelle (dénombrement des varroas qui tombent sur un lange) ;
le lavage d’abeilles (les varroas phorétiques[2] sont détachés des abeilles grâce à du sucre glace ou une solution détergente) ;
la prospection du couvain (dénombrement des varroas présents dans un échantillon de couvain operculé).
Dans la littérature scientifique, ces méthodes ont été comparées seules ou en combinaison[3]. Cependant, leur utilisation reste hasardeuse pour un suivi précis de l’infestation : les résultats d’échantillonnage peuvent être variables comme les coefficients d’extrapolation permettant d’estimer l’infestation. L’état et le développement des colonies semblent jouer un rôle important dans la répartition des varroas sur les abeilles et dans le couvain[4].
Afin d’identifier les méthodes les plus exactes selon la période de l’année ou l’état des colonies, l’ITSAP-institut de l’abeille, dans le cadre de l’UMT PrADE et en collaboration avec les laboratoires de Bio SP et de Biologie et Protection de l’abeille de l’INRA d’Avignon, a testé ces méthodes et étudié l’influence de l’état des colonies sur les résultats obtenus avec les diverses approches.
Enfin, deux méthodes de lavage d’abeilles ont été comparées : au sucre glace sur le rucher et avec une solution de savon au laboratoire. Pour cela, une dizaine de colonies ont été suivies d’avril à juillet 2011 afin de mesurer régulièrement les quantités d’abeilles et de couvain ainsi que les infestations sur abeilles, dans le couvain, et les chutes naturelles. Les infestations des colonies ont été obtenues par traitement et pour certaines, par dénombrement exhaustif du nombre d’acariens présents sur les abeilles et dans le couvain. Les colonies n’ont pas eu un développement satisfaisant au cours de l’étude mais les populations de Varroa se sont développées.
VarEval.
Le comptage des chutes de varroas est un travail fastidieux pour les expérimentateurs. Pour alléger cette tâche, l’ITSAP-Institut de l’abeille et l’INRA d’Avignon, dans le cadre de l’UMT PrADE, proposent une méthode de comptage à l’aide de la grille VarEvaL.
La plupart des expériences sur Varroa ainsi que les suivis de mortalité naturelle pour évaluer l’infestation des colonies utilisent le comptage des varroas morts et tombés sur un lange placé sous une grille au fond de la ruche.
Lorsque le nombre de varroas est très important, le comptage devient fastidieux et peut donner lieu à une erreur importante. C’est donc pour faciliter cet exercice que la grille VarEvaL a été mise au point. Il s’agit d’une plaque ajourée de 48 cercles à travers lesquels on compte les varroas tombés sur un lange, placé au préalable au fond de la ruche. Ce procédé permet d’évaluer le nombre total de varroas en réduisant significativement le temps de comptage.
Cette méthode d’échantillonnage de lange utilisant les propriétés statistiques a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques qui ont démontré son efficacité. Plusieurs associations de développement de l’apiculture (ADA) utilisent déjà cette plaque de comptage de manière systématique pendant leurs expérimentations. Une fiche technique expliquant son emploi accompagne chaque plaque commandée
L’analyse n’a pas permis d’identifier des méthodes d’échantillonnage à préférer en fonction des paramètres populationnels des colonies. Les résultats d’échantillonnage ont été comparés aux niveaux d’infestation afin de calculer l’erreur d’estimation et le coefficient de correction associés à ces méthodes, ainsi que leur évolution en prenant en compte un nombre variables de répétitions dans le temps.
Il ressort de nos observations que la meilleure méthode pour estimer l’infestation en varroas, a été de compter la mortalité journalière sur lange durant deux semaines (4 comptages à pas de temps régulier) mais les coefficients de correction restent trop variables d’une colonie à l’autre.
Si aucune méthode n’est assez précise pour quantifier de faibles niveaux d’infestation, le lavage d’abeilles semble le meilleur moyen pour dénombrer les varroas phorétiques en cas de forte infestation.
À l’issue de ce travail, une fiche technique sur les méthodes d’estimation de l’infestation des colonies en varroa sera rédigée, reprenant la bibliographie en illustrant chaque méthode avec les résultats de notre étude.
Voir aussi le Plan Varroa :
http://www.abeille-provencale.net/spip.php?article59
Source : Itsap - Julien VALLON, julien.vallon(at)itsap.asso.fr
- [1] Traitement de prévention [2] Varroas présents sur les abeilles adultes
[3] Macedo et al., 2002 ; Branco et al., 2006 ; MAFF, Ministry of Agriculture, Fisheries and Food, 1998 ; MAF, Ministry of Agriculture and Forestry, 2001 ; Lee et al., 2010
[4] Rinderer et al., 2001 ; Rosenkranz etRenz, 2003